Nous vous
écrivons ce matin pour vous informer d'une situation grave et inquiétante. Une
perquisition est en cours depuis 6h00, ce mardi 19 septembre, au domicile
personnel d’Ariane Lavrilleux, journaliste de Disclose et co-autrice de la
série d’enquêtes « Egypt Papers ». Accompagnés d’un juge d’instruction, des
policiers de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) ont placé
la journaliste en garde à vue dans le cadre d’une enquête pour compromission du
secret de la défense nationale et révélation d'information pouvant conduire à
identifier un agent protégé, ouverte en juillet 2022.
L’objectif de ce
nouvel épisode d’intimidation inadmissible à l’égard des journalistes de
Disclose est clair : identifier nos sources ayant permis de révéler l’opération
militaire Sirli, en Égypte. En novembre 2021, Disclose s’appuyait sur plusieurs
centaines de documents « confidentiel-défense » pour documenter une campagne
d’exécutions arbitraires orchestrée par la dictature égyptienne du maréchal
Al-Sissi, avec la complicité de l’État français.
Nos articles sur
l’opération Sirli :
Opération Sirli,
révélations sur la complicité de l’Etat français dans des bombardements contre
des civils en Égypte
Pourquoi révéler
des informations « secret-défense »
Egypt Papers : le
gouvernement étouffe le débat démocratique
Nous vous
tiendrons informé·es des suites de la garde à vue d'Ariane dès que nous aurons
de ses nouvelles. En attendant, vous pouvez aider Disclose en relayant
massivement cette grave atteinte à la liberté de la presse autour de vous :
transférez cet e-mail et partagez nos messages sur les réseaux sociaux (X
ex-Twitter, LinkedIn). Si vous en avez les moyens, vous pouvez aussi continuer
à soutenir notre action avec un don, mensuel ou ponctuel.
Mathias Destal
Cofondateur et
rédacteur en chef de Disclose
Chers lecteurs et
lectrices, chers soutiens,
Cela fait plus de
24 heures que la journaliste de Disclose, Ariane Lavrilleux, est privée de
liberté. Cette situation insupportable a commencé hier, mardi 19 septembre, à
6h00 du matin, lorsqu’une juge, accompagnée de policiers de la DGSI, le service
de renseignement intérieur français, a frappé à la porte de son appartement
marseillais pour lui notifier son placement en garde à vue. Pendant près de 10
heures, elle a dû faire face, seule, à la violation de son intimité et à la
fouille complète de son domicile – elle ne pouvait être accompagnée d’un
avocat. Il a fallu qu’elle attende 15h30 pour enfin s’entretenir avec un avocat
marseillais, mandaté par Disclose. Cet échange a duré 30 minutes. Ariane a
ensuite été conduite à l’hôtel de police de Marseille pour y être interrogée
par les mêmes policiers qui ont retourné son appartement. Ses auditions se sont
terminées tard dans la soirée. Elle a ensuite passé la nuit en cellule.
L’interrogatoire a repris ce mercredi matin, en présence de l’avocate de
Disclose.
Depuis plus de 24
heures, Ariane Lavrilleux est traitée comme une délinquante. Or, elle est
journaliste. Une journaliste avec qui nous travaillons depuis plusieurs années
sur la question des ventes d’armes de la France. Et c’est parce qu’elle
pratique son métier de façon rigoureuse et exemplaire qu’elle subit la violence
d’une procédure d’exception dont le seul but est de traquer nos sources.
D’après les derniers éléments dont nous disposons, les services de
renseignement lui reprochent d’avoir signé dans Disclose une série d’articles
basés sur des informations « confidentiel-défense ». Cinq en tout.
Il y a d’abord
l’enquête « Egypt Papers » sur les compromissions de la France avec la
dictature d’Al-Sissi, mais aussi nos révélations sur une vente de 30 avions
Rafale à l’Égypte ; celles sur du matériel de guerre livré à la Russie par la
France et employé dans l’invasion en Ukraine ; une enquête sur des livraisons
d’armes à l’Arabie saoudite et enfin un article prouvant que la France a fermé
les yeux lorsque les Émirats arabes unis ont envoyé, en secret, des armes en
Libye afin de servir les ambitions militaires du général Haftar. Nous avons
publié ces informations confidentielles car elles étaient, et elles restent,
d’intérêt général. Elles éclairent le débat public sur la réalité des relations
diplomatiques de la France avec des dictatures. Elles jettent une lumière crue
sur des armes, fabriquées dans notre pays, et retournées contre des populations
civiles, au Yémen et en Égypte. Qu’importe si ces révélations sont gênantes
pour l’État français : Ariane doit être libérée au plus vite, sans aucune
poursuite.
Mathias Destal
Cofondateur et
rédacteur en chef de Disclose
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